Viol étant bébé, par le mari de ma nourrice : Témoignage SIA

J’ai rejoint les Survivants de l’Inceste Anonymes il y a maintenant un an et demi.

Cela faisait quatre mois que j’étais sortie d’amnésie traumatique, c’est à dire que les faits s’étaient révélés à moi (le corps les gardant en mémoire) et que je les avais entendus. J’ai été victime de viol quand j’étais bébé par le mari de ma nourrice. C’est un cas auquel on pense peu. Je n’y aurais pensé. Jamais. J’adorais cet homme. Il était comme un grand père pour moi. Quand je suis sortie d’amnésie, je me suis sentie libérée!

Enfin, j’avais l’assurance que je ne deviendrai pas folle car mes souffrances avaient une origine et je m’autorisais à les regarder, je sortais du déni.

Malheureusement, quelques mois plus tard, j’ai douté de cette révélation.

Je ne me croyais plus. Je me réveillais en me traitant de menteuse et m’endormais de même. “Tu fous vraiment la m**** pour tes proches avec ton secret dévoilé au grand jour!”. Voilà ce que je me disais.

J’ai tourné en rond jusqu’à ce que je participe à un meeting des Survivants. Quand j’ai entendu les partages des autres survivants, mes doutes se sont envolés. Les ressentis des autres survivants présents au meeting ou dans les textes faisaient écho chez moi. je m’autorisais à valider mes ressentis.

Pourtant, à cette époque j’étais déjà en thérapie. Cependant je transférais mon doute sur mes thérapeutes et les menais en échec pour me prouver que je devais mentir. Rien qu’en lisant le guide de modération, j’avais le sentiment d’être entendue. Lorsque les participants ont débuté leurs partages sur les conséquences de l’abus et la manière dont ils les traversent, je me suis sentie exister:

“Voilà un endroit où je n’ai pas à cacher mes pensées, mes stratégies de survie. Ici je suis en sécurité”.

Les Survivants [de l’Inceste] sont anonymes pour assurer cette sécurité. Tout ce qui est dit lors des meetings est confidentiel, et n’est pas commenté directement. L’image que j’associe aux meetings est celle d’un coffre fort. Et vivre ma semaine en sachant qu’il y aura cet espace sécure où je pourrais déposer ce que je vis lié à l’inceste me soulage et me permet de me concentrer sur mes projets de vie.

Le meeting auquel je participe et sers est en conférence téléphonique. Aussi j’avais l’appréhension de ne pas me sentir faire partie d’une communauté, que le sentiment d’isolation persiste. Finalement, à se retrouver de semaine en semaine, à suivre l’actualité des uns et des autres au fil des partages, un sentiment d’appartenance se crée.

Cela m’a donné l’envie de prendre du service. Prendre du service cela signifie s’occuper d’une ou plusieurs tâches qui permettent à l’association de tourner. Cette nouvelle étape m’a permise de trouver une place à l’inceste dans ma vie. Une place, pas toute la place.

Aujourd’hui, j’ai beaucoup de gratitude

pour le support que j’ai reçu simplement par l’écoute. J’ai aussi de la gratitude envers moi-même d’avoir fait ce pas si courageux de participer à mon premier meeting.

Si vous hésitez à participer ou si vous préférez vous dire que l’inceste finalement n’a pas ou si peu d’impact dans votre vie, je vous invite à lire le guide de modération puis de revérifier cette position.


Pour savoir si SIA est pour vous, vous pouvez tout d’abord répondre aux 20 questions de SIA. Comment définit-on l’inceste à SIA, ou quelles sont les caractéristiques des survivants d’abus sexuel? D’autre part, vous pouvez aussi commander des publications, ou bien lire nos témoignagesassister à une réunion, ou encore découvrir notre programme en 12 étapes. Vous pouvez enfin consulter les questions fréquentes ou nous écrire.


Abus sexuel par mon frère: Témoignage SIA

J’ai grandi dans une famille de trois enfants.

J’étais le dernier. Nos deux parents travaillaient beaucoup et disposaient de peu de temps pour nous. Un jour, mon frère aîné, âgé de quatorze ans (j’en avais dix), s’est approché de moi avec un air méchant que je ne lui connaissais pas. Je me suis éloigné mais il s’est mis à me poursuivre. Il m’a saisi, m’a mis à terre et a cherché à retirer mon pantalon. J’ai lutté de toutes mes forces mais il était plus puissant. Il est parvenu à le baisser et m’a maintenu ainsi un certain temps tout en se moquant de moi.

À de nombreuses reprises, durant plusieurs mois, il a recommencé ce scénario exactement à l’identique.

Progressivement, j’ai pris l’habitude de ne plus réagir, pensant qu’il finirait par arrêter si je ne manifestais plus rien. C’est effectivement ce qui s’est produit, mais il a fallu longtemps. Je n’ai pas le souvenir précis du moment ni du lieu où j’ai informé ma mère. Je me souviens seulement qu’elle m’a répondu qu’il « allait mal ». Probablement lui a-t-elle dit de cesser mais ni lui ni moi n’avons vu de psychologue. Ma mère m’a par ailleurs expliqué que je causerais du tort à la famille si j’en parlais. Je me suis tu. À partir de ce moment, la relation avec mon frère a toujours été malsaine, oscillant entre honte, crainte et (étrangement) culpabilité.

Ces agressions ayant été banalisées par la famille, je les ai moi-même considérées comme secondaires durant des décennies. C’est seulement trente ans plus tard, avec l’aide de psychologues et d’accompagnateurs spirituels, que j’ai pu mesurer leurs conséquences: Fantasmes sexuels obsessionnels (totalement absents auparavant), masturbation compulsive, anxiété pathologique, tristesse, idées morbides, manque général d’énergie, irritabilité, sensation permanente de boule au ventre, sentiment envahissant d’absurdité et d’irréalité, confiance en moi défaillante, difficulté à nouer des relations stables, fréquente dissociation entre le corps et l’esprit.

Avec le recul, je vois nettement que ma vie a été abîmée par ces agressions et par le silence imposé à leur sujet.

Au-delà des symptômes physiques qu’elles ont créés, l’omerta qui s’est instaurée autour d’elles m’a conduit à douter de mes sensations de manière problématique. Je me demandais sans cesse ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas. Cette incertitude s’est révélée handicapante dans ma vie car j’ai longtemps eu les pires difficultés à analyser les situations, à discerner le bien du mal et à prendre des décisions.

De manière très concrète, je dois aussi constater que je n’ai pas été en mesure de fonder un foyer, ce qui est un regret. D’abord un grand complexe m’a très longtemps accompagné au plan sexuel ; en outre, il m’est très difficile d’éprouver un désir persistant dans la durée : la sexualité est à la fois très présente dans mon esprit et insuffisamment dans mon corps. Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, j’ai systématiquement perdu mon désir pour une femme après les premiers rapports physiques avec elle.

Vers quarante ans, j’ai éprouvé l’impérieux besoin de comprendre ce qui s’était passé.

Afin d’éviter les diversions et les manipulations que permet l’oralité, j’ai écrit à mon frère puis à mes parents. J’ai compris à leurs réponses très embarrassées qu’ils avaient conscience de la gravité des faits mais ne voulaient en parler à aucun prix. J’ai donc dû prendre mes distances, malgré les pressions, afin de préserver ma santé.

C’est peu après que j’ai découvert SIA grâce au site internet de l’association.

Dès la première réunion, j’ai senti que j’étais « chez moi », dans un espace sûr, avec des gens qui parlaient la même langue. Y venir régulièrement pour écouter et parler m’a fait le plus grand bien. J’ai compris que ma situation était partagée par d’autres et que des solutions existaient pour aller mieux, à condition de ne plus nier les agressions. La littérature SIA m’a été très utile pour comprendre les mécanismes d’emprise qui sont mis en place par les familles pour garder le secret. J’ai aussi apprécié l’esprit de liberté et l’absence de jugement qui caractérise ces réunions. Aujourd’hui, je continue à les fréquenter avec bienveillance et reconnaissance. 


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