Agressée sexuellement par ma mère : Témoignage SIA

J’ai 47 ans aujourd’hui. Cela fait 8 ans et demi que je suis sortie du déni et 8 ans que je suis en SIA.

J’ai été agressée sexuellement par ma mère entre approximativement 13 ans (je n’arrive pas à dater exactement le début) et 19 ans, pendant toute l’adolescence. Elle m’a lavé les parties génitales à 13 ans. Sous prétexte que je ne savais pas mettre mes soutiens gorges, j’ai subi pendant des années les attouchements de ma mère, en croyant que c’était absolument normal.

Il n’y avait pas de clef à la porte des WC. Mes parents ne fermaient pas les portes de la salle de bains ni des toilettes, et ils avaient l’habitude de se balader à poil. On était souvent tous les trois (j’étais fille unique) nus en train de faire notre toilette dans la salle de bains. Les manifestations de gêne n’étaient pas tolérées. Je ne comprenais pas pourquoi je me sentais aussi mal en voyant ma mère se laver les parties génitales en me souriant. Or, je ne savais pas qu’on pouvait mettre le mot « exhibitionnisme » sur son comportement. Je croyais que c’était moi qui étais trop coincée, comme elle me disait.

Ma mère voulait me faire mon éducation sexuelle.

Elle m’a offert un livre sur le sujet. Plus d’une fois elle m’a m’obligée à entendre le détail de ses difficultés sexuelles avec mon père. Elle concluait que c’était définitivement mieux de faire ça toute seule, et m’expliquait comment il fallait s’y prendre pour se masturber.

J’étais également victime de maltraitance psychologique et physique, le comportement de ma mère alternant entre une tendresse étouffante et sexualisée et une violence haineuse. J’étais totalement lobotomisée et sous emprise de cette mère qui pensait et parlait et agissait pour moi.

J’avais des symptômes d’anorexie, j’étais très dissociée

et avec énormément de mal à me socialiser à l’école. Je cachais ma honte sous le travail et les bons résultats. Je déchirais mes vêtements, je me rongeais les ongles, je me frappais. J’ai dans le même temps été victime de violences sexuelles et physiques au collège et plus tard à l’âge adulte.

Les gestes incestueux de ma mère se sont arrêtés quand suis partie à Paris faire mes études, au bout desquelles j’ai rencontré mon ex-compagnon. J’ai eu une relation de dix ans avec mon ex dans laquelle la sexualité était minimale. Nous étions anorexiques sexuels tous les deux, moi homo refoulée, lui peut-être aussi. Cette relation à distance, nous habitions la plupart du temps dans deux villes différentes, était la seule possible jusqu’à maintenant. En parallèle, j’ai eu jeune adulte une série de comportements dissociants à risques en couchant avec des types malades et inconnus. J’ai notamment subi un viol de la part d’un type qui s’est ouvertement avoué pédophile sur son bébé, expérience qui reste la plus violente de la série.

Je n’ai pas eu d’enfants,

un choix depuis toute petite, et je n’ai jamais vécu de véritable relation amoureuse, étant tétanisée par une anorexie sexuelle qui me encore tient à l’écart de tous les lieux de rencontre.

Je suis restée sous l’emprise de ma mère jusqu’à 32 ans,

date de la séparation de mes parents : mon père s’est sauvé chez sa nouvelle compagne, moi je suis restée sous la coupe de ma mère de laquelle j’ai subi une violence cauchemardesque. Peu à peu, à force de violence, et grâce à la psychanalyse, puis à la thérapie, grâce aussi à une collègue et amie dont l’influence (l’emprise ?) m’a aidée à m’arracher à l’emprise de ma mère, j’ai espacé les visites à ma mère, jusqu’à la date à laquelle je suis sortie du déni, à 38 ans.

Je suis venue en SIA quelques mois après la sortie du déni,

grâce à un ami d’une autre fraternité, en réunion physique et à distance. Je me suis immédiatement sentie chez moi, sentie réelle, et en sécurité. J’ai entamé un travail régulier des étapes avec ma partenaire d’étapes. Cela m’a peu à peu donné une continuité dans les morceaux épars et en pagaille qu’était ma vie. J’ai commencé à sentir la présence de quelque chose d’aimant et de plus grand que moi, grâce aux groupes, aux partages privilégiés, aux réunions. Jamais je n’ai pu me passer de ces réunions jusqu’à présent, que très rarement. Elles constituent mes repères. Pendant cinq ans, j’ai l’impression de n’avoir pu faire que me rétablir et ramasser des morceaux de quelque chose qui était totalement éclaté, moi. J’étais épuisée, je n’avais plus la capacité de travailler.

Je suis tombée en arrêt maladie

depuis cinq ans de ce qui était un poste similaire à celui de ma mère. J’avais pris ce travail sous la houlette parentale, puis j’ai été déclarée inapte à toutes fonctions et j’ai été mise en invalidité. Immédiatement après la sortie du déni j’ai recommencé à dessiner sans arrêt, chose qui était restée bloquée depuis l’adolescence et les viols. Le travail régulier et hebdomadaire de reconstruction en SIA, grâce aux réunions, aux partages, à la littérature et à l’écriture de mes étapes (j’en suis à la 7e), m’a énormément aidée à vivre dans ma réalité. Grâce à SIA et à la thérapie, j’ai arrêté de minimiser les conséquences de l’inceste.

Ma mère depuis huit ans n’a jamais respecté ma demande de distance

et continue de faire du harcèlement. Jusqu’à maintenant, je ne lui avais pas encore dit mes souvenirs. Mon père, bien que je lui aie révélé les faits un an après les souvenirs, refuse de me croire et choisit de prendre son parti. Je précise que mon père vient d’être diagnostiqué Alzheimer. Ma mère et lui voient cette maladie comme une occasion de « réconciliation » possible entre elle et moi. Ils continuent à faire pression sur moi en ce sens et à trouver des prétextes pour qu’elle rentre en contact avec moi.

Grâce à ma Puissance Supérieure Aimante,

à la thérapie, au soutien de mes amis SIA, le 24 février 2021, j’ai envoyé une lettre de confrontation à ma mère. J’ai senti en l’écrivant un allègement de la culpabilité. J’ai de la terreur, et un goût de deuil, mais le sentiment de libération est plus fort. Je l’ai surtout écrite pour moi, pour mettre toutes mes parties intérieures au courant, que l’abus c’est fini.

J’essaie de me reconvertir professionnellement vers un travail qui me plaît.

J’ai toujours le sentiment d’un énorme fardeau à porter et que tout est une montagne. Mais je n’ai plus l’impression d’un tunnel noir et bouché, avec un plafond et des barreaux autour de moi. Devant moi le sol et le ciel sont plus clairs. J’ai retrouvé une capacité à penser plus librement. C’est parfois dur, mais au moins c’est ma vie, pas celle de cette autre que je côtoyais sans la sentir.


Pour savoir si SIA est pour vous, vous pouvez tout d’abord répondre aux 20 questions de SIA. Comment définit-on l’inceste à SIA, ou quelles sont les caractéristiques des survivants d’abus sexuel? D’autre part, vous pouvez aussi commander des publications, ou bien lire nos témoignages.  Assister à une réunion, ou encore découvrir notre programme en 12 étapes. Vous pouvez enfin consulter les questions fréquentes ou nous écrire.